Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.

SITE OFFICIEL DE LA VILLE DE MARMANDE CAPITALE DE VAL DE GARONNE

 

actualité

Discours de M. Daniel Benquet, 75° anniversaire de la libération de Marmande

75 ans après, l’émotion de la libération des villes et villages de France de l’oppression Nazie reste prégnante, malgré le temps et les disparitions. Cette émotion couve encore comme une braise sous notre quotidien. Une braise que quiconque ne saurait éteindre, au point qu’elle reste une référence à de nombreux choix et de nombreuses actions trois quart de siècle après ce grand bonheur qui envahit progressivement la population de notre pays.

Si nous en sommes là, c’est que le mal fut terrible et la souffrance inhumaine. 1918 aura été la victoire contre l’horreur d’un conflit au cours duquel la nature même de l’homme le verra se transformer en chair à canons. 1944 sera la libération de l’injustice, de l’atrocité et de tous les travers que le génie humain aura su imaginer pour déshumaniser certaines femmes et certains hommes en fonction de leur origine. Croyons-en Jérôme Tharaud, le délégué de l’Académie française lorsqu’il commente en octobre 1944 l’état d’esprit des Français : je cite « on ne vit pas impunément durant près de 50 mois sous la domination d’un vainqueur aussi habile à pervertir les âmes qu’à torturer les corps ; On ne vit pas sous la tyrannie, la délation, la suspicion, la terreur bref dans la maladie, sans risquer quelque atteinte ». fin de citation

Oui cette période d’occupation nazie fut pour la France et pour Marmande une vraie maladie au cours de laquelle les frissons succédèrent aux fièvres et précédèrent la meurtrissure des corps. Une maladie de laquelle on ne se remet jamais vraiment et qui nous fait encore crier là où le fer nous a rongé. Car personne ici, parmi vous, n’a échappé aux atrocités subies par des proches.

Voilà pourquoi cette émotion-là prendra encore quelques quarts de siècle avant de s’estomper.

Face à tant d’inhumanité, de nombreux Marmandais entrèrent en résistance, active ou passive. Il en fallait du courage pour dire non, pour mentir, pour cacher, pour se taire, pour feindre d’ignorer. Il en fallait encore plus pour se saisir d’une arme et rejoindre le maquis. C’était alors rajouter la peur et l’angoisse aux malheurs des temps, pour soi et pour les siens qui restaient en arrière. Nous devons garder en mémoire la mesure de ces sacrifices.

Parmi les forces combattantes de l’ombre, certains de nos concitoyens rejoignirent les FT-PF (Francs-tireurs et partisans français) au sein de la compagnie Lévy, du bataillon Duras ou du maquis de Lorette, de tragique destin. D’autres incorporèrent les Corps Francs Pommiès ou encore les corps Francs de la Libération représentés par les regroupements Grandpierre et Vény ou les bataillons Miquel, Jean-Marie ou Hugues.

Le choix était alors large puisque 27 groupes de combat et de résistance opéraient en 1944 sur le département de Lot-et-Garonne, témoignant s’il le fallait de l’engagement des forces vives et de la population dans son ensemble, à défendre les valeurs de la république et de la France.

Car c’est surtout de valeur dont il s’agissait, et c’est leur violation qui conduisit au recours des armes. « L’homme est un loup pour l’homme » nous apprend Boris Pasternak, mais c’est justement au milieu des Loups que la grandeur de certains hommes se réincarne pour faire fuir ces prédateurs et illuminer encore nos mémoires après soixante-quinze longues années. Parmi ces valeurs, la loyauté et l’intégrité ne furent pas les dernières. Elles devraient nous guider encore aujourd’hui et de manière plus forte et respectueuse encore, puisque nous ne risquons pas nos vies, nous ! Et si nous pouvons ici et maintenant, nous placer sous les auspices de la république et de la municipalité, c’est que la loyauté et l’intégrité de ces combattants de l’ombre nous le permettent encore.

La libération de Marmande trouve son origine dans la forêt. Dès le début de juin 44, Allons, Houeillès, Nérac et Casteljaloux sont libérées une première fois, avant que les troupes allemandes suppléées par la milice ne les réinvestissent.

Le vrai départ de la reconquête sonna le 15 août avec l’annonce de la réussite du débarquement de Provence. Pour échapper à l’encerclement, les armée d’occupation devaient se replier vers le Nord du pays car les alliés avaient déjà enfoncé leurs lignes en Normandie. L’un de ces mouvements de reflux restera éternellement frappé du sceau de l’infamie : Celui de la division SS Das Reich, qui partit de Valence d’Agen le 8 juin et traversa le département de la Dordogne en sévissant inhumainement à Oradour-sur-Glane.

Agen sera libérée le 19 août, Villeneuve-sur-Lot le 20 et Marmande le 21.

Rappelons-nous encore cette journée d’été dont l’hommage nous rassemble aujourd’hui, par le récit qu’en fit Bernard Lareynie :

Je cite « Quelques jours avant la Libération, le Comité local de Libération avait désigné Yves Grassot, maire de la ville, et Jean Sourisse sous-préfet. Dans l'après-midi du 20 août 1944, les troupes allemandes qui avaient évacué Aiguillon et Tonneins arrivent à Marmande. Le lundi 21 août, vers 8 heures du matin, la colonne allemande quitte la caserne Tempoure en direction de Bordeaux. La prise de possession de la ville par la Résistance se fait non sans une certaine confusion. Dans un premier temps, à bord de trois véhicules, les hommes du maquis de la côte 107 pénètrent dans l'agglomération et stationnent place Clemenceau où la foule commence à se rassembler. Yves Grassot leur fait savoir que cette opération revient au groupe Hugues encore stationné à Sainte Abondance. Peu avant midi, venant de Tonneins, le groupe Alexis du commando Austin-Conte, arrive en ville et prend position à la mairie et à la gare. Grassot part alors pour Saint-Abondance où est rassemblé le groupe Hugues. A 12 h 30, le corps-franc Hugues, composé d'une quarantaine d'hommes, fait son entrée dans la ville avec pour objectif d'en occuper les points stratégiques. André Ruffe, du groupe Alexis, fait état d'une discussion assez dure, entre les chefs de son groupe et Yves Grassot, pour le contrôle de la ville. Finalement, le groupe Alexis maintient ses hommes à la gare tandis que le groupe Hugues est chargé de la garde de la mairie et de la poste. Grassot peut alors prendre possession de la mairie et Sourisse de la sous-préfecture. La recherche et l'arrestation des collaborateurs commencent. A 19 heures le Comité local de Libération se réunit en séance publique. » fin de citation.

Permettez-moi Mme la Ministre et Mmes et Mrs de vous rappeler les termes de ma prise de parole à l’occasion du 73º anniversaire de la libération de notre ville au monument aux Morts.

Je cite « Cette épisode me permet de rappeler que nombreux sont ceux dont les noms, même s’ils ne figurent pas sur ce frontispice, ont mérité d’être couchés sur le Livre d’Or de notre reconnaissance. Il devient évident, au fil du temps qui passe, que ce souvenir appellera un jour une matérialisation plus formelle de notre devoir de mémoire, afin de rendre justice à tous ceux qui le méritent et qui n’en sont pas pour autant lisible à cette heure. Ce sera un travail collectif et un défi à relever pour notre génération. » fin de citation.

Cette proposition que j’ai formulée il y a deux ans est désormais traduite par la stèle qui se dresse ici. Le comité d’entente a pris sa part dans l’élaboration de ce monument par le choix du style, de la localisation et des inscriptions, et je les en remercie chaleureusement. Et si les libérateurs de Marmande ne sont pas tous morts au champ d’honneur, bien heureusement puisqu’ils nous ont gratifié après le deuxième conflit mondial de toute leur expertise pour la reconstruction administrative et sociale de notre municipalité pendant plusieurs décennies, qu’ils trouvent ici l’expression de notre reconnaissance et du souvenir de leur ville. Ces libérateurs, célèbres ou anonymes, ont mérité collectivement de figurer sur cette stèle mémorielle. Il nous reviendra désormais, en passant devant ce monument, de nous souvenir de tout ceux qui auront d’une manière ou d’une autre contribué à contrecarrer les opérations d’occupation, à approvisionner les combattants, à transmettre certaines informations aux alliés, ou tout simplement à ne pas en divulguer d’autres qui auront pu compromettre les opérations de maquis ou la vie même des maquisards. Leur rendre cet hommage est une réparation juste et nécessaire. C’est désormais chose faite.

Daniel BENQUET
Maire de Marmande
Président de Val de Garonne Agglomération

Les autres actualités


PARTAGEZ


 

VILLE DE MARMANDE

Place Clemenceau

47200 Marmande

Tél : 05 53 93 09 50

mairie@mairie-marmande.fr

SUIVEZ-NOUS

MENTIONS

Mentions légales

LIENS